L'insurgée au lycée.

"Smoking in the rain"

Salutations bien trempés !

Aujourd’hui, il pleut. Il pleut. J’aime la pluie donc tout va pour le mieux. J’ai une passionnante et spontanée envie d’aller courir, de courir loin, de partir à l’aventure, de rejoindre mon berceau la nature et de sentir sur moi les biens faits de l’averse salvatrice. Les vacances se prolongent pour moi, étant donné que je vis à la Réunion les cours ne reprennent que le 29 janvier et un peu de tranquillité me fait du bien, un peu de solitude. La dernière fois que j’ai parlé à quelqu’un d’autre qu’un membre de ma famille c’était très exactement le 20 janvier soit presque 3 semaines. Ça fait du bien de vivre un peu recluse et loin de toute l’agitation de la population. Je n’ai envie de voir personne. J’ai besoin de rester seule. Je suis associable, mais je me soigne… enfin, je crois.

Ma mère s’est inquiétée pour moi ce matin. Oui, alors que les médias nous rabâchait au sujet des deux opérations spéciales en cours pour coincer les terroristes coupables de l’attentat au Charlie Hebdo ("Je suis Charlie". Espérons que la bêtise humaine s’arrête sur ses 11 morts.) j’ai demandé à aller faire un tour. Sous une pluie diluvienne. Une pluie digne de la saison cyclonique. J’ai saisi un carnet et un stylo, les ai fourrés dans ma besace; mon paquet de Lucky’s s’y ait vite invité. J’étais toujours en pyjama mais peu importe, personne ne le saura sous mon manteau et mon imper', me disais-je, et je suis donc partie en promenade. Ma petite promenade. Et sur ma route incertaine, tout les regards se tournaient vers, emprisonnés derrière les vitres teintées des automobiles, enfermés en sécurité, et puis il avait moi et mon âme trempée. Ma solitude et ma liberté. Un coin tranquille et une savoureuse cigarette… Le gris du ciel et le rouge de mes pommettes frigorifiées. Je suis partie et j’ai vécue.